Observations concernant les enfants des rues

Ce petit paragraphe consiste à rendre compte de mes observations, mes discussions avec le staff de l’association et les autres volontaires ; suite à mon expérience auprès d’enfants des rues. Ce qu’on appelle « enfants des rues » sont les enfants qui ont moins de 18 ans et qui se retrouvent dans la rue et doivent y gagner leur vie. Ils ont, pour plusieurs raisons coupé contact avec leur famille et la rue devient leur nouvelle famille. Certains enfants ont coupé les liens avec leur famille car ils ont fugués après avoir été battus par leurs parents, d’autres enfants ont été forcés à travailler et ont été retrouvés dans la rue par l’association.

Ils doivent trouver un moyen de survivre et trouvent donc des petits jobs comme porter des légumes, ou travailler dans un hôtel. Les enfants sont vulnérables dans la rue, ils peuvent être exploités à tout moment par des adultes, dans le trafic de drogue voire la prostitution.

Le rôle de l’association est de créer un contact positif avec l’enfant et le motiver à venir au refuge en lui donnant ainsi l’opportunité d’avoir une nouvelle vie. Mais d’après ce que j’ai compris et ce que j’ai vu, les enfants qui ont été longtemps dans la rue sont très difficiles à garder dans les structures de l’association, pour les raisons suivantes : la rue leur apporte une liberté, l’addiction à la drogue ou autres substances mais aussi les relations d’amitié très fortes qu’ils ont pu tisser avec d’autres enfants des rues (il y a énormément d’entraide entre les amis dans la rue). L’action de l’association est néanmoins efficace auprès d’enfants étant dans la rue depuis peu de temps, car la période des premiers jours dans la rue constitue la période où il n’y a pas encore d’attachement à la rue, c’est aussi la période la plus difficile où l’enfant est en perte de repère par rapport à son ancienne vie et fait face à des nouvelles difficultés comme la faim, la rencontre de personnes malveillantes.

Comme je le disais précédemment, environ 40% des enfants qui vivent dans la rue ont une addiction à une drogue. Cette addiction peut s’expliquer par plusieurs raisons, tout d’abord, la drogue permet à l’enfant d’échapper à son quotidien et comble le manque de soutien affectif. Par ailleurs, il y a un effet de groupe important, en général quelques enfants influencent les autres à prendre de la drogue. La drogue que prennent les enfants est évidemment peu chère comme ils ont peu d’argent, il s’agit de substances telles que la « glue ».

Et ce qui m’a le plus étonnée, c’est la joie de ces enfants, qui sont passés par des épreuves traumatisantes. Rien ne nous permettrait de s’imaginer ce que certains ont vécu en les observant au quotidien.

Bilan de mon expérience d’un mois de volontariat à Navajeevan

Quand on termine une mission humanitaire, on a toujours tendance à se poser cette question : en quoi est-ce que j’ai pu apporter quelque chose ? Pour y répondre, j’ai le sentiment d’avoir apporté quelque chose dans le sens où les échanges que j’ai pu avoir avec les enfants ont certainement contribué à leur donner une image plus douce des adultes en général, la plupart d’entre eux ayant eu des expériences traumatisantes avec des adultes (parents, ou adultes les ayant exploité lorsqu’ils étaient dans la rue ou avant). Pour certains enfants, j’ai eu des discussions plus poussées lorsque l’anglais le permettait, et j’ai essayé de comprendre leur histoire, les écouter et les motiver. J’ai donc été une confidente pour certains. Mais dans tous les cas, il est très difficile d’évaluer ce qu’on apporte et cela n’a pas grand intérêt car on ne le saura jamais vraiment. On sait tous que certaines rencontres peuvent parfois changer notre vie (parfois une conversation qui a lieu totalement par hasard peut avoir un impact considérable, en nous faisant prendre conscience qu’on fait fausse route par exemple ou en nous donnant une idée d’une voie à poursuivre) ou faire évoluer notre vision des choses, alors que d’autres non. Et en général, on le sait après coup.

Cette expérience nous a aussi permis de rencontrer d’autres volontaires : des gens qui sont prêts à donner de leur temps et de leur énergie sans rien attendre en retour de financier, ce qui est assez rare de nos jours. Mais je me suis rendue compte d’une chose dont je n’avais pas conscience avant de faire cette mission : faire une mission humanitaire est un acte aussi égoïste qu’altruiste. Car ces enfants t’apportent autant que ce que tu leur apportes. J’ai autant appris d’eux qu’ils ont appris de moi. Ce que tu leur donne, ils te le rendent puissance 10. Et le bonus c’est que tu te lèves le matin pour une cause noble, pour participer d’une certaine manière à un monde meilleur. Et ça ça n’a pas de prix. Donc à tous ceux qui se disent qu’ils tenteraient bien l’expérience, je vous le dis, FONCEZ !!!

Site de l’organisation : www.NJBB.org

Si vous aussi vous souhaitez rejoindre cette organisation, ou vous y pensez, avez besoin de conseils, contacts ou autres, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire ;-)

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