56h de train et me voilà « déjà » à Krasnoyarsk. Trois petits jours et trois nuits pendant lesquels j’ai eu tout le temps d’imaginer à quoi allait bien pouvoir ressembler cette grande ville de Sibérie car 30 minutes avant l’arrêt du train, seules de petites fermes et cabanes longeaient les voies. A l’arrivée la gare est vraiment superbe.

Gare de Krasnoyarsk

Le train est à son terminus et se vide très rapidement. J’en profite pour prendre quelques photos autour du train et d’une magnifique ancienne locomotive exposée devant la sortie. Alors que j’allais partir, je croise la responsable du wagon restaurant qui me reconnaît et qui vient me voir pour discuter un peu. Elle ne parle pas un mot d’anglais. Du coup la technique bien rodée iPad + traducteur sur l’iPhone marche impeccable et nous parvenons à échanger quelques mots autour d’un café horrible à la sortie de la gare. Me voyant très chargée, elle me demande ma destination. Mon contact Couchsurfing ma donné rendez-vous à l’arrêt « Planeta » du bus 81. Apparemment c’est sur sa route aussi et nous partons ensemble avec un autre bus vers je ne sais où …

30 minutes plus tard je fini par déchiffrer ma destination sur la façade d’un immense centre commerciale. C’est mon arrêt, je descends là et retrouve Anna, ma contact de Sibérie au bus prévu. Elle habite au 6e étage d’une sympathique résidence à 10 minutes de là. Sur la route elle m’apprend qu’il n’y a pas d’eau chaude chez elle car la station de chauffage de la ville est en test pour la journée. En fait encore souvent en Russie l’eau chaude est acheminée aux logements depuis des stations, pas comme en France où chacun produit son eau chaude. Heureusement que j’ai trouvé cette fameuse douche dans le train avant d’arriver !

Aussitôt posé chez elle, un bon café et de super Pancake m’attendaient ! Quel accueil ! J’apprends par la même occasion que je suis le premier Couchsurfer qu’elle reçoit depuis qu’elle a découvert le site il y a quelques semaines. Après quelques minutes passées à discuter, je sens déjà que ce séjour va être extraordinaire …

4000 km de Moscou à Krasnoyarsk

4000 km de Moscou à Krasnoyarsk

Impatiente de me montrer le parc national de Stolby, nous partons rapidement dans la matinée car il faut 1h de bus et 7 km de marche pour arriver au domaine des fameuses roches. Sur la route, je découvre qu’elle est fascinée par ce parc, où elle va régulièrement seule pour « se retrouver ». Les 7 km sont vite parcourus et nous voilà face à une première roche qu’elle a pour coutume de toucher avant d’entrer dans le domaine. Cette roche est supposée ressemble à un éléphant, mais même avec beaucoup d’imagination, je parviens au mieux à distinguer un cochon …

Le dénivelé pour arriver jusque-là a bien échauffé les jambes et je suis content de retrouver un peu de plat au pied de ses roches immenses et superbes. Chacune porte un numéro ou un pseudonyme. Roches 1 à 4, grand mère, grand père.

Roche 1 est vraiment imposante. 80 m de hauteur pour 640 m de circonférence. Nous approchons de la 4 où Anna s’aventure à l’escalade « à l’arrache » et sans filets ! Il a plu un pendant notre marche alors les pierres sont un peu glissantes mais « ça passe quand même » ! Je la suis, voyant qu’elle semble vraiment sûre d’elle et que pour une fois j’ai des chaussures adaptées !

Un petit quart d’heure et un peu d’adrénaline plus tard, nous sommes au sommet perché à une trentaine de mètre au dessus du domaine de Stolby. Magnifique panorama entouré par ces roches toutes plus grandes les unes que les autres. Olga de Saint-Pétersbourg ne m’avait pas menti, le lieu vaut vraiment le détour !

Anna pointe notre prochaine ascension, ce sera la roche 1. Elle pense que je peux le faire vu que j’ai monté sans trop de difficulté cette première roche et surtout sans aucun signe de vertige. La cible est quand même trois fois plus haute et plus complexe mais après tout pourquoi pas !

Nous attaquons la roche 1 par une face qu’elle connaît bien. Pour me motiver elle m’annonce que peu de gens on réussi l’ascension et qu’une fois au sommet si j’y parviens, j’aurais droit à une cérémonie faisant de moi officiellement un Stolbyiste. Challenge Accepted !

L’ascension est un peu plus périlleuse et certains passages relèvent de mouvements de gymnastique que je n’ai pas fait depuis quelques années je me suis même pris pour Spiderman par moment, à grimper entre deux roches certains étroits passages. Plus d’une heure trente d’effort pour arriver au Graal ! Je l’ai fait, j’ai atteint ce foutu sommet à plus de 90m selon altimètre de ma montre !! Je suis vraiment fier de moi et apparemment il y a de quoi.

Au sommet nous croisons un gars que je surnomme Golumn (cf. Le seigneur des anneaux). Ce gars est un extra terrestre surgit de nul part au sommet qui se ballade la haut les mains dans les poches une cigarette en bouche. Très sympa, nous passons un peu de temps la haut pour nous reposer après tant d’effort. J’ai aussi droit à la cérémonie faisant de moi officiellement un Stolbyist. Pas de collier de fleur mais un coup de pied au cul pour chaque jour du mois que nous sommes. Pas de bol, on est le 30 du mois, je suis pas près d’oublier ma consécration ! J’aurais ma vengeance un jour …

Un bon thé bien chaud et quelques pancakes pour goutter au sommet en compagnie d’un petit écureuil. Je l’aurai bien mis dans mes bagages avec les mascottes celui là. La pluie nous bloque un peu avant de redescendre. Les roches sont trop glissantes alors nous attendons le retour du soleil. Anna parle déjà de grimper sur le rocher 2, le plus haut et le plus vertigineux de tous. Je crois que j’ai ma dose pour aujourd’hui alors on se le garde pour demain. Descente très technique mais nous y parvenons (pour preuve cet article), alors que nous avons encore 7 km de marche retour à faire pour reprendre le bus.

Au retour nous croisons « grand père », un petit rocher sur lequel Anna ne peut s’empêcher de grimper. J’essai de suivre à nouveau mais j’ai les jambes en compote et le premier passage, vraiment casse-cou aura raison de moi. Après 3 essais ratés je lâche l’affaire, j’ai quand elle fait de belles performances aujourd’hui selon maître -yoda- Anna.

Anna ne veut pas rentrer avant minuit car l’eau chaude ne sera pas rétabli. Alors elle me propose un petit tour de la ville. Déjà 24 km dans les jambes et plus de 600 mètres de dénivelés positifs, on est plus à ça prêt ! Passage rapide par le centre ville, nous longeons le fleuve Lenisseï qui coupe Krasnoyarsk en deux parties. Nous arrivons vers 22h devant le MOMA local (musée d’art moderne). Évidement il est fermé mais rien qu’à l’extérieur il y a des créations bien sympa.

Derrière le musée, perdu au fond d’un parking se dresse une grand yourt chinoise ! Impensable de trouver cela ici mais à priori c’est le droit où nous mangerons. L’intérieur semble très traditionnel, et fait oublier totalement le style soviétique des alentours. Après une dégustation de deux thés, dont un à base de cedar, nous dégustons un plat à base de poulet et cedar aussi. C’est apparemment très à la mode à Krasnoyarsk. Alors que nos voisins fument des chicha à côté de nous, Anna m’explique que des le 1er juin, la cigarette sera interdite dans tous les lieux publics, comme c’est me cas en France depuis plusieurs années. Je plaisante un peu sur la capacité des russes à suivre une telle loi, quand on observe l’anarchie sur les routes au quotidien.

Nous rentrons vers 1h du matin en rêvant d’une bonne douche chaude après cette longue et épuisante journée. Cela restera un rêve. Dégoûtée, Anna découvre sur le web que la coupure est prolongée jusqu’au 2 juin ! J’hallucine un peu, mais à priori c’est courant. J’oublie vite l’idée de la douche froide après avoir presque gelé les doigts en testant. Ce sera à l’ancienne, eau bouillie et eau froide dans une bassine. Couchage camping dans le salon et enfin au dodo ….

Petite grasse matinée réveillé par le soleil vers 10h. Le programme du jour n’était pas fixé nous hésitons entre retourner à Stolby pour l’ascension du Rocher 2 ou explorer une autre partie du parc. Un ami d’Anna, Viktor, nous rejoint et aura finalement le choix final. Nous profitons de sa voiture pour nous éloigner de Krasnoyarsk et partir explorer un autre domaine, le Chinese Wall Rock pour une journée randonnée et un peu d’escalade.

Un peu plus d’une heure de route complètement chaotique et nous voilà arrivés (vivants). Décidément même si les centaines de vidéos « ça se passe comme ça en Russie » m’avaient préparé, en vrai c’est quand même autre chose !! Tout est possible sur les routes russes.

Le coin est beaucoup plus sauvage et il faut se méfier de deux choses, les tiques et les ours ! Je sens que cette journée me plait déjà … Le mot d’ordre en cas de rencontre avec un ours :

« Don’t run ….. the last !!! » Soit en français « Ne pas courir … le dernier !!! »

Le message est enregistré ^^ Même,si j’ai bien envie d’en croiser, l’idée d’une course poursuite me tente moins.

Nous laissons la voiture et démarrons l’ascension. Merci les bonnes chaussures de randonnée qui passent partout, la roche, la boue, la flotte … Elles sont mises à rude épreuve depuis hier tout comme mes jambes qui ont encore les 26 km de la journée de la veille ^^ Anna souffre un peu moins, et Viktor, lui, gambade tout frais comme si de rien était !

Nous atteignons le pied d’un immense rocher où des alpinistes sont en train de grimper. C’est vertical et la cordée est obligatoire. Par chance Anna n’a pas l’intention de grimper celui ci sans cordage. Nous le passons par le côté tranquillement pour finir également au sommet une heure plus tard. Je n’aurais jamais fait autant de grimpette de ma vie ! Anna a encore gérée en emportant pour nous trois thé chaud et petit sandwich. Viktor nous offre une pause musical relaxante avec un instrument très ancien qu’il met dans sa bouche. J’essaierai d’en trouver un avant de quitter la Sibérie.

Du sommet nous apercevons la partie sauvage, déconseillée aux marcheurs car en présence d’ours et non balisé. Cela n’empêchera pas mes deux aventuriers à poursuivre par ce côté. Je garde en tête de courir, juste au cas où ^^ C’est vrai que le terrain est ici un peu plus compliqué et le panneau « danger, ours » n’est pas très rassurant. Notre petit tour nous ramène directement à la voiture, en passant des des roches encore jamais explorés par Anna et Viktor qui me relèvent les coordonnées GPS pour regarder ça un peu mieux plus tard sur Google Earth. Nous n’avons croisé ni ours, ni gardes, par contre des tics, on y a eu droit !

Retour éclair à la maison pour une douche rapide (toujours sans eau chaude) et achat du billet de Trans-sibérien pour Irkoutsk avant de partir pour le concert d’un groupe de rock local qui joue son nouvel album « Chaotica ». Viktor nous y rejoint après avoir appliqué sa méthode anti-tics à ses vêtements … micro-onde ! Super groupe, bien qu’un peu toujours sur le même rythme, et nous terminerons la soirée dans un pub irlandais avec un autre groupe local complètement survolté ! Des amis d’Anna et Viktor nous retrouvent dans la soirée et nous finirons cette longue journée à 5h du matin …

Le réveil de 7h fait très mal !! Je prépare mon sac et tente désespérément de réveiller Anna qui est de garde aux urgences de l’hôpital à partir de 9h. Je pense que son premier patient risque bien d’être elle-même !! Elle émerge à 9:30 et me jette dans un taxi qui me pause in extremis à la gare pour attraper mon train. Merci à cette femme qui m’a aidé à trouver le quai et m’a permis de monter dans mon wagon pile deux minutes avant le départ du train !

Je peux désormais poursuivre (enfin commencer) à dormir …. C’est parti pour 18 heures de route vers Irkoutsk 🙂

Si vous aussi vous avez visité ces lieux, ou vous y pensez, avez besoin de conseils, contacts ou autres, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂

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