Depuis plus de dix mois sur les routes, on m’a souvent demandé ce que m’apportait le voyage. Voici cinq choses que le voyage m’apporte et qui font que le voyage a changé ma vision des choses et m’a fait évoluer : Voyager pour prendre conscience de la misère Quand on voyage dans des pays comme l’Inde (où on a passé environ 6 semaines hors Ladakh), la misère nous saute aux yeux, car elle est partout et très visible. Il est fréquent de voir des enfants malades mendier, qui sont généralement exploités par des adultes, un peu comme dans le film Slumdog Millionaire et on se rend compte en se promenant dans la rue qu’un indien sur trois vit sous le seuil de pauvreté. On ne peut pas ignorer la misère comme on le fait dans le métro parisien. Quand on connaît cette réalité, on se retrouve confronté à 2 choix : on peut soit fermer les yeux et continuer sa route en se disant qu’on ne peut de toute façon rien changer soit ouvrir les yeux et se dire « je peux faire quelque chose à mon échelle, même si c’est pas grand chose, je peux participer aux projets qui œuvrent pour un monde meilleur… » C’est ce que je me suis dit et le fait de se dire qu’il y a énormément de choses à faire pour apporter sa pierre à l’édifice est porteur de beaucoup de sens. C’est pour ça que j’ai souhaité faire du volontariat (nous avons fait une mission humanitaire de 1 mois en Inde auprès d’enfants des rues), j’avais l’envie, le besoin, de faire quelque chose pour participer à un monde meilleur. Même si je ne change pas le monde, je peux comme n’importe qui d’autre apporter quelque chose à mon niveau et selon mes ressources. Ça peut aussi être des petites choses comme faire un don à une association ou acheter son repas à quelqu’un vivant dans la rue mais aussi sponsoriser un enfant en lui permettant d’aller à l’école. J’ai aussi pris conscience que tout acte de bonté nous apporte bien plus qu’il ne nous coûte : un sourire d’un mendiant peut émerveiller notre journée et vaut bien plus que la pièce qu’on lui a donné 🙂 Voyager pour se rendre compte de la beauté de ce monde Pendant le voyage, j’ai souvent pensé à la chanson de Louis Armstrong « What a wonderful world » quand il dit : « I see trees of green, red roses too. I see them bloom for me and you. And I think to myself, what a wonderful world. » Je me suis souvent dit à moi même : » ce monde est vraiment magnifique », en plongeant avec des raies manta en Indonésie, en arrivant en haut du Stok Kangri après 5 jours de marche ou encore devant Uluru en Australie mais aussi simplement en observant les étoiles. La dernière nuit qu’on a passé chez Marty en Nouvelle-Zélande, on a regardé les étoiles dans son bateau, et il y avait des planctons fluorescents dans l’eau qui formaient des milliers de paillettes. On s’est dit qu’il y avait des étoiles dans l’eau et aussi dans le ciel. Marty nous a dit : « la création de dieu est une belle création, il a su créer des choses magnifiques dans les tout petits détails, dans les étoiles mais aussi dans les planctons. Les petites choses sont aussi belles que les grandes. ». J’ai trouvé ça si beau… Voyager permet de se rendre compte que même s’il y a plein de misères dans ce monde, ce monde est « une belle création ». Les étoiles, les couchers et les levers du soleil sont les meilleures façons de se le rappeler. J’ai conscience que cette beauté n’est évidemment pas qu’en Nouvelle Zélande ou en Indonésie et qu’elle existe aussi en bas de chez moi en France. Mais je n’avais peut-être pas les yeux pour l’apprécier à sa juste valeur, le voyage me permettra de l’apprécier encore plus à mon retour. Voyager pour prendre du recul … Un voyage c’est aussi et surtout un voyage intérieur. J’aime beaucoup cette citation de Gandhi : « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même ». Quand on s’éloigne de sa vie habituelle, on peut la voir de haut, la contempler avec d’autres yeux. C’est souvent dans ces moments de voyage que l’on se rend compte de ce qu’on aime et n’aime pas de sa vie, les choses deviennent plus claires car on a pris de la hauteur. Et comme on a « le temps de penser », on en vient à se poser des questions du genre « pourquoi est ce que je fais ce que je fais, qu’est ce qui me rend heureuse? » Bref, on apprend à se connaître soi-même bien plus que dans son quotidien car on s’est éloigné des attentes de son environnement : on peut se retrouver face à soi de la façon la plus vraie possible, hors des conditionnements et habitudes. J’ai rencontré des tas de gens qui font un voyage dans un moment de leur vie de transition, de fin d’un cycle et avec comme objectif de se retrouver. On a entendu des tas de gens dire ce genre de phrase assez évocatrice : « Entre les attentes des uns et des autres et de la société, je ne sais pas vraiment ce que moi j’ai vraiment envie de faire de ma vie ». Ils voyagent car ils se cherchent et le voyage leur permet souvent de se trouver et de changer pas mal de choses dans leur vie, en bien ! Voyager pour s’ouvrir l’esprit et devenir plus créatif Quand on sort de sa routine, on est amené à vivre des choses nouvelles pour lesquelles il n’y a pas de réponse toute prête. On doit sans cesse prendre des décisions, il n’y a aucune structure, aucun repère, chaque jour ne ressemble pas au précédent, surtout quand on ne planifie pas son voyage et qu’on se laisse porter. On sort de sa zone de confort et du mode « pilote automatique » de sa vie. Quand on voyage, on voit tellement de choses étonnantes et non habituelles qu’au bout d’un moment on est plus trop étonné. En arrivant au Ladakh, j’avoue avoir eu beaucoup de surprises : « Ah oui, dans cette région, les gens ne connaissent pas leur âge? Et ils n’ont pas de salle de bain? » Et en vivant chez des locaux, je me suis dit : « Après tout pourquoi pas? Est ce si important de connaître son âge? Est-ce si important d’être assis sur une chaise quand on mange? » Au bout d’un moment, on a compris que les choses ne se passaient pas « comme chez nous » et le « chez nous » cesse d’être notre norme. On arrête d’attendre des gens et des situations qu’elles se passent comme chez nous : on adopte une attitude d’ouverture et d’acceptation des pratiques et habitudes de l’autre, qu’elles quelles soient. Cette attitude, nous ouvre l’esprit et nous permet alors de devenir aussi plus créatifs pour nous même et pour les autres. On se met à avoir de nouvelles idées et à penser à un tas de choses auxquelles on n’aurait jamais pensé avant, parce qu’on a habitué son esprit à voir plus loin que ses habitudes et sa routine. Je pense qu’avoir une attitude « créative », c’est se dire que ses certitudes sont toujours relatives, temporaires et à redécouvrir puis à abandonner, c’est être prêt à s’ouvrir à l’autre et au monde en oubliant ses propres idées et préjugés. Voyager pour se rendre compte qu’on a tous énormément en commun en tant qu’ « habitants de la terre » Quand on voyage, on rencontre des tas de gens de tous pays. Avec Anthony, on a essayé un maximum d’être en contact des locaux dans chaque pays où on est allé en faisant du couchsurfing, du woofing, du « homestay » ou en étant invités. Après 10 mois de voyages, on a partagé un petit moment de la vie de fermiers ladakhi, moine bouddhistes, nonnes, enfants indiens, birmans, indonésiens, néo-zélandais, familles de mexicains, etc. Nous avons fait un bout de route avec plein de personnes de nationalité différente, de tout âge, de tout niveau de richesse, de tout milieu. Voyager permet évidement de se rendre compte des différences visibles, ce qu’on peut appeler les conditions de vie extérieures comme le lieu de vie (au milieu des montagnes de l’Himalaya, dans un bidonville ou au centre de Hong Kong), la profession (fermier, moine, étudiant) ou encore la « qualité » de vie qui est liée au niveau de richesse et de développement (possibilité de voyager, d’étudier, internet ou non, eau chaude). Ce qui m’a étonnée, c’est ce que malgré des conditions de vie très différentes, je me suis sentie très proche de la nonne bouddhiste du Ladakh avec qui j’ai enseigné l’anglais ou encore de notre guide birman du trek entre Kalaw et le lac Inle ou encore d’un adolescent ayant passé sa vie dans un bidonville que j’ai rencontré lors de la mission humanitaire. Quand je dis « proche », j’ai vraiment senti que j’avais beaucoup en commun avec eux car dans les conversations que j’ai eu avec eux et les moments qu’on a partagés, je me suis rendue qu’ils se posaient les mêmes questions que moi sur le monde et sur leur place dans ce monde et qu’ils avaient une façon similaire d’y répondre mais aussi qu’on partageait des valeurs communes. Je me suis rendue compte à quel point les hommes se ressemblaient au plus profond de leur âme et que les différences de conditions de vie (lieu de vie, niveau de richesse, pays, métier) n’étaient que des différences mineures car la vraie différence se joue à un autre niveau : leur façon de penser, leur spiritualité, leurs valeurs, leurs croyances. Partout dans le monde, il y a les mêmes histoires d’ego, de gens qui cherchent à dominer les autres et de gens qui se laissent dominer. Partout dans le monde, les gens prennent conscience de la misère (pour eux et/ou pour les autres) et cherchent à connaître sa source et se demandent comme l’éradiquer. Partout dans le monde, les gens de demandent d’où ils viennent et où ils iront quand ils mourront, et qui est dieu. Partout dans le monde, les gens cherchent à donner un sens à leur vie et souhaitent être heureux. Ça fait beaucoup en commun non ? Je ne peux m’empêcher de ressentir énormément de gratitude pour tous ces gens de tous pays et tous milieux qui nous ont accueilli chez eux sans rien attendre en retour. Au moment où j’écris, on est logés dans un village de 200 habitants chez la famille d’une fille que l’on a rencontré ici au Mexique, des gens d’une incroyable générosité. Je n’éprouve pas seulement de la gratitude pour leur générosité mais aussi et surtout parce qu’ils nous donnent la merveilleuse occasion de partager leur vie : ils nous ouvrent leur porte mais aussi leur cœur. Voyager est un bon moyen de se rendre compte que nous sommes tous interdépendants et connectés, peu importe le pays ou le milieu dont on vient et cela va à l’encontre de l’individualisme prôné par la société occidentale. Je pense que cette prise de conscience m’a rendue bien plus optimiste et plus heureuse. Cette réflexion vous a plu ? Alors suivez nous dès maintenant sur Facebook 😀 Et vous, qu’est ce que le voyage vous apporte ? Laisser un commentaire via Facebook / Comment with Facebook Laisser un commentaire / Write a comment with wordpress Loading Facebook Comments ... Please enable JavaScript to view the comments powered by Facebook. Loading Disqus Comments ... Please enable JavaScript to view the comments powered by Disqus.