Rencontre avec le chef du désert et le peyote

Le peyote (prononcez « péyoté ») est une plante aux effets sacrés que consomment les indiens Huichols lors de leur pèlerinage pour entrer en contact avec le cosmos et leur donner la force de parcourir un peu plus de 40 jours de marche sous l’écrasant soleil du désert, en buvant et mangeant très peu. Ses caractéristiques médicinales sont aussi pleinement exploitées (il est très facile de trouver aujourd’hui des pommades à base de peyote). C’est dans la région de San Luis Potosi que l’on s’est lancé à la recherche d’un chaman qui nous aiderait à mieux comprendre le peyote et le désert. Ce pèlerinage ayant lieu dans l’état du Nayarit (au nord du Mexique) entre les villages de Cerro Del Quemado et Real de Catorce, c’est près de ce dernier village que nous avons entrepris notre aventure …

Real de Catorce, le village fantôme, on ne sait pas où on va, mais on y va !

Un premier bus de San Luis Potosi à Matehuela, un second vers l’entrée du tunnel de Real de Catorce et un troisième pour passer ce tunnel casse gueule de 2,5km creusé comme des bourrins dans la montagne pour arriver enfin au village de Real de Catorce. Chaque bus, un peu moins confortable, nous montre à quel point nous nous enfonçons au cœur de cette région désertique alors que quelque chose au fond de nous nous fait réaliser que l’on se rapproche du peyote …

On installe notre tente près du seul coin de verdure que l’on trouve à Plaza Del Torro, à deux pas du cimetière ! Petit tour du village pour trouver de l’eau et des vivres pour trois jours dans le désert, et un petit feu de camp avant de se coucher très tôt après cette longue journée de transport et de marche. On croise par le plus grand hasard un couple italo-mexicain rencontré quelques jours plus tôt en ville. Ils connaissent une chaman italienne qui vit dans le village, mais qui n’est malheureusement pas dans le coin en ce moment.

Sur la piste du « Jefe Don Luis », chef du désert …

Le lendemain, c’est sur le toit d’un « willys » (taxi 4×4 local) que nous rejoignons le (encore) plus petit village Estacio de Catorce. Trois quarts d’heure de piste à se faire secouer et manger la poussière pour se rendre compte que notre périple n’est pas encore terminé ! A peine arrivés, on demande autour de nous si quelqu’un a connaissance d’un chaman. C’est tout naturellement que l’on nous propose de retrouver « Don Luis, el Jefe », le chef du désert. Inspirés, on emprunte une nouvelle jeep pour quelques pesos qui nous dépose là où vit Don Luis, c’est inespéré alors on ne peut refuser son offre.

Minutes après minutes la route devient piste, puis chemin, et finalement juste un passage entre les cactus. On s’installe sur le terrain de Don Luis pour déjeuner en attendant qu’il arrive. Après 30 minutes il n’est toujours pas là, mais une jeep passant par chez lui sait où le trouver et nous dépose sur son chemin …

La rencontre, enfin !

El jefe Don Luis

El jefe Don Luis

Dans mon esprit, un chaman serait un vieil homme, barbu, usé par la vie, avec des tatouages partout. Et en fait pas du tout ! Don Luis a la soixantaine et ressemble a un fermier / ranger. Ses mains laissent transparaître une difficile vie dans le désert. Il est très heureux que nos chemins se soient croisés et infiniment reconnaissant que nous soyons venus à lui pour vivre cette expérience. Après quelques minutes à ses côtés, c’est une grande confiance et humilité que nous ressentons envers lui. 

 

Une bouteille de Tequila jamais très loin (il en cache dans le désert pour pas que sa femme ne les trouve), il nous conte les histoires des nombreux étrangers qui sont venus à sa rencontre et le plaisir qu’il a à chaque fois à partager son savoir et ses expériences du fameux peyote.

« Je suis inquiet car parmi mes 13 enfants, aucun ne veut rester dans le désert, et j’ai peur que tout mon savoir et mes secrets sur le désert ne se perdent … »

Avec nous, Don Luis n’a pas de secrets, il vit dans ce désert depuis toujours et si nous pouvions rester indéfiniment avec lui, il nous transmettrait tout ce qu’il connait. Fin d’après midi, nous montons le camp sous un grand arbre centenaire au milieu de désert. Pour ce soir ce sera feu de camp et repos car c’est au petit matin que nous partirons à la recherche du sésame …

Sur les traces du peyote …

Six heures pétantes … Don Luis est ponctuel et nous retrouve au campement. Il fait encore frais et nous marchons quelques kilomètres à travers la brousse et les cactus. Sur le coup je regrette un peu d’avoir laisser mes chaussures de rando en Australie pour des basquettes ! Le levé de soleil nous réchauffe et nous passons une petite heure à déambuler de cactus en cactus à la recherche de cette fameuse plante. Je ne sais pas du tout quoi chercher, mais selon les dires de Don Luis :

« C’est le peyote qui me trouvera »

 

Bref on cherche une aiguille dans une montagne de foin ! Et soudain Don Luis découvre le premier sésame ! Le peyote ressemble donc à un petit champignon. Vraiment très furtif, il est presque entièrement enterré au pied des cactus. Selon la coutume le premier n’est pas ramassé et est épargné mais le second découvert peu après sera cueilli suivant un rituel permettant sa repousse sans impacter l’espèce assez rare. Plutôt qu’un long discours, voici en image l’un des magnifiques, petits peyotes que l’on a pu croiser dans le désert.

El Peyote

El Peyote

Tradition du peyote … j’ai testé pour vous !

Trois bus, trois voitures, deux nuits de camping et quelques kilomètres de marche dans le désert pour trouver ce sésame, je ne pouvais pas quitter le lieu sans le tester. Les nombreux discours entendu par ceux qui ont testé sont unanimes, les effets du peyote sont assez mystiques et seuls sont qui s’y sont frottés peuvent les comprendre.

Pour ma part, j’étais vraiment curieux d’en découvrir les effets, mais peut être pas suffisamment convaincu et bilan, le fameux sésame n’a pas eu le moindre effet sur moi ! Dommage, car c’est pas faute d’avoir dû me débattre avec son goût et aspect vraiment étrange … le prochain essai sera accompagné de Nutella ! Le « chocoyoté » est d’ailleurs excellent selon les experts … du coup ce n’est que partie remise !

Mais heureusement, nous n’étions pas seuls dans le désert, et certains habitués qui étaient avec nous ces jours là nous ont fait part de leurs impressions en direct :

« En premier lieu, un immense sentiment de paix »

« Des couleurs plus vives mais pas d’hallucinations »

« Une communion avec la nature, la vision des vibrations de tous les éléments vivants nous entourant »

« Une perception des sons amplifiée, que l’on peut matérialiser (voir les sons en gros) »

Bref, une expérience pas comme les autres !

Et vous, avez vous déjà pu suivre un rituel sacré ou participer à des expériences hors du commun ? On attend vos retours et expériences 😉

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