C’est le grand jour ! 27 mai 2014, j’embarque pour le premier, et le plus long, tronçon de mon aventure à bord du transsibérien. Ne sachant pas trop à quoi m.attendre à bord, j’ai fais un saut dans un super marché pour acheter quelques provisions de survie. Sésame en main, je quitte la salle d’attente de la gare Yaroslavskiy de Moscou pour me diriger quai numéro 2 où m’attend le train n°56 en direction de Krasnoyarsk à environ 60h de route pour un peu plus de 4000km ! Jour 1, 16h20, départ de Moscou Le train est un modèle semblable à celui qui m’a transporté de Saint-Pétersbourg à Moscou. Voiture 10, en 3ème classe, l’intendante de mon wagon contrôle mon billet… c’est bon pour moi 🙂 Des l’entrée, une affiche sur la porte de l’intendance annonce la couleur avec chaque arrêts et leur durée jusqu’à l’arrivée. Une vingtaine de stop de 10 à 25 min, nous feront parcourir presque la moitié de la Russie. Je trouve mon lit et constate que j’ai cette fois un peu plus de chance car je je ne suis pas dans l’aller centrale mais dans un compartiment (ouvert) de 4. J’ai le lit du haut. En bas, un couple de 70 ans au moins. Je pense qu’ils ont déjà fait ce trajet un paquet de fois. Tout est parfaitement rodé. Ils sont déjà en chaussons et tenu confortable. Mamie à sa bouteille de bière maxi format et papi tourne à l’ice tea. Jusque-là tout va bien. Au lit superposé d’a côté, une jeune fille d’une vingtaine d’année voyageant seule. Ce sera sûrement la seule du wagon à parler l’anglais, mais elle semble trop préoccupée depuis le départ pour que je tente la conversation avec elle. À 19:30 le train marque son premier arrêt. Je file me dégourdir les jambes même si je n’ai rien vu passer de ces premières heures. J’apprécie de les passer simplement à observer les autres. Les gens font leur petite vie chacun dans leur coin. Il n’y a pour l’instant pas trop d’interactions. Les nombreuses tablettes y sont sûrement pour quelque chose. La nana à côté de moi dormait depuis le départ, désormais elle regarde un film. J’attendrais qu’elle n’ait plus de batterie pour l’aborder. Papi Mamie en bas se sont concoctés un picnic 3 étoiles, alors que moi je termine les chips achetés avant le départ. Prochain arrêt, j’essaierai de trouver un peu de charcut !! Jour 1, 21h00 21:00 – j’ai cru comprendre qu’un wagon restaurant était attaché à notre train. C’est un restaurant russe tant que nous serons sur le territoire, puis ce sera un restaurant mongole et chinois sur la fin du périple. J’espère y trouver l’occasion de faire des rencontres. Ça ne loupe pas, à peine installé, deux jeunes viennent me voir. Ils me parlent en russe mais j’essaie tant bien que mal de démarrer la conversation. Au hasard je lance un « Krasnoyarsk », notre destination, qui s’avèrera être le mot clé parfait ! L’un des deux gars abandonne l’anglais et part se coucher rapidement. Le second, Nikita, met toute son énergie à essayer de me parler en anglais. Google Traduction sur son mobile, nous passerons la soirée à communiquer à moitié via son téléphone. Nikita a 21 ans et revient de guerre. Il vient de terminer un an en tant que soldat parachutiste et est désormais sur le chemin de la maison « Krasnoyarsk ». Difficile d’échanger sur un sujet aussi sensible que ce qu’il a vécu cette dernière année, notamment en Ukraine. Mais il semble très affecté et fort heureux de retourner chez lui. Nous terminerons la soirée autour de « cocktail Russe » (sorte de bière vodka) et shots de vodka. J’ai de la chance qu’il ne soit pas trop joueur, nous arrêterons après deux shots, déjà bien suffisant pour moi !! A la table d’a côté, deux jeunes femmes nous écoutaient depuis plus d’une heure. Elles profitent d’une « escale technique » de Nikita pour m’aborder dans un anglais impeccable. Alexandra et Victoria sont deux business girls en route pour la région d’Urdmutia. Elles arriveront au matin à destination alors nous passons un peu de temps à discuter du tour dont elles ont compris quelques mots échangés plus tôt avec Nikita. D’abord elles me rassurent sur le fait que Nikita semble être un bon gars contrairement à beaucoup d’ancien militaire boy-scout. Elles m’apprennent une expression super utile en russe « kak, zhe mne vsyó éto ostopizdelo » soit en français « j’en ai pas la moindre idée » ou « Rien à faire ». Cela les fascine de voir la liberté que j’ai choisi de prendre en quittant mon job et tout ce que j’avais en France. C’est finalement vers une heure que nous irons tous retrouver nos lits, les filles en première, Nikita et moi en troisième classe. Mes affaires n’ont pas bougées, le wagon dort, à mon tour de me faire bercer par le rythme de ce train. Jour 2, 10h00, 1250 km parcourus J’émerge doucement vers 10h. Je suis content car la vodka ne m’a pas rendu malade cette nuit. Le train s’est déjà arrêté deux fois dans la matinée et un bon tier des passagers de mon wagon ont déjà quitté le train. J’en profite pour m’installer sur une table vide et écrire un peu sur l’iPad. Je n’ai pas encore repéré d’électricité à part dans les toilettes. On verra bien jusque quand tous mes gadgets survivront. Petit déjeuner sommaire, jus d’orange (j’en ai emporté 3 litres !), et céréales aux chocolat. Pas de bol, j’espérais trouver du lait à bord, c’est raté. Ca croque bien sous les dents les Nesquik ^^ Je me trouve quand même un café pour les accompagner. Les prix à bord sont par surprise très bas. Le café est vendu 30 centimes d’euros (si quelqu’un me lit à la SNCF, prenez exemple) et en plus il est plutôt bon et servi dans une chouette tasse RZD. Nikita réapparaît à 11h30. Il est passé me voir pour le dire qu’il a contacté mon hôte Couchsurfing qui m’attend à l’arrivée et qu’à priori tout est ok, puis il est retourner se coucher car les mélanges de la veille ne lui ont pas trop réussi. Le train n’a pas de douche. Le seul point d’eau est dans les toilettes du compartiment. Un rapide rafraîchissement et je reprends le mac et profite de ce temps sans internet pour parcourir et trier les photos depuis le début de ce tour. En fait, paradoxalement, je n’ai pas encore eu vraiment de temps libre pour m’occuper réellement de mes photos. J’ai donc 10h de batterie pour le faire, au delà on verra bien …. Jour 2, 13h11, 1397 km parcourus Déjà 1400km de parcourus, nous marquons un nouvel arrêt à Perm. Ici pas mal de nouveaux passagers arrivent. Le wagon reprend un peu de vie mais toujours pas de réel anglophone. Une femme tente la discussion en voyant mes photos sur l’écran du Mac et le reflex posé à côté. Je comprends qu’elle me prend pour un journaliste ou autre professionnel alors j’essai de lui expliquer mon voyage en lui montrant les quelques cartes que j’ai dans l’ordi sans connexion. Une troisième personne se joint à la conversation et nous passons une heure à parcourir les premières images du tour. Par la grande fenêtre de ma place, défilent une infinité de forêts ainsi qu’un nombre incalculable de villages. Certains très petits, mais aussi beaucoup de villes plus ou moins grandes que je n’aurais pas imaginées si loin de Moscou. A l’approche de Yekaterinburg, apparaissent aussi de grandes barres d’immeubles au loin derrière les fermes jouxtant la voie ferrée. J’ai décidé de ne pas m’arrêter dans cette grande ville de plus d’un million d’habitants pourtant réputée dans les guides. A la vue de ce que j’aperçois, ce choix me semble une bonne idée. Je n’ai pas le sentiment que cette grande ville m’aurait apporté beaucoup à cette expérience trans-sibérienne. Les deux intendantes du wagon ont enfilé leur tenue de ménage et s’activent à nettoyer un peu les lieux. Pour une troisième classe, je ne pensais pas avoir quelque chose d’aussi propre et surtout aussi calme. Après 26h de voyage je ne récent pas le moindre ennui ou impatience. Jour 2, 20h38, 1793 km parcourus Nous avons pris deux fuseaux horaires et arrivons en gare de Yekaterinburg à 1800km de Moscou. 27 minutes d’arrêt prévu. La ponctualité de ce train est sidérante ! Pour relativiser, je me dit qu’en roulant entre 50 et 120 km/h, le conducteur s’offre sûrement une marge de rattrapage du retard assez grande sur des tronçons aussi long. Mais bon, il faut quand même admettre qu’ils sont bons ! Je profite donc de ce « long » stop pour m’éloigner un peu du train et tenter de trouver un wifi pour envoyer un signe de vie et dire que tout va bien. Je dessine un panneau « 21:05, Go ? » que je montre à l’intendante pour confirmer l’heure de départ du train. Nous nous comprenons, j’ai donc 10 min pour trouver un réseau. A l’extérieur malgré le soleil, il fait bien plus frais qu’à Moscou, du coup je cours à la gare et trouve un point d’accès, juste le temps d’envoyer un message et de retourner au train qui était sur le point de repartir !! De retour in-extremis à bord, je découvre une prise électrique au milieu de mon wagon où je pourrais recharger mes gadgets. Un peu plus tard, Nikita me retrouve à mon wagon. Il me cherchait pour finir avec lui sa dernière bière et aller manger au wagon restaurant. Ce soir ce sera Schnizel, un plat que j’adore et que je suis ravi de retrouver à bord. Nous avons du bidouiller nos cartes Sim pour pouvoir continuer à communiquer via Google traduction car sa carte ne lui permet plus d’avoir internet dans la région que nous traversons. Il est vite minuit et le wagon restaurant s’apprête à fermer. J’en profite pour filer me coucher alors que Nikita a rencardé la chef du wagon restaurant … Jour 3, 8h40, 2530 km parcourus Cela fait désormais 38 heures et 20 minutes que nous roulons. Cette nuit le train s’est arrêté deux fois pour embarquer et déposer des passagers. Un va et vient qui m’a à peine réveiller. Je constate en émergeant les quelques nouvelles personnes autour de moi. Si je ne me suis pas perdu dans les fuseaux horaires alors il reste normalement 22h avant notre arrivée. Dehors le paysage commence à changer. Les grands espaces apparaissent. La météo quand a elle est toujours au soleil mais je pense que la température a poursuivi sa chute …. Il reste 1500 km de surprises à découvrir ! Nous arrivons à Omsk où nous restons 34 minutes en gare. C’est le stop le plus long de ce voyage entre Moscou et Krasnoyarsk. A bord, les passagers descendent avec de gros manteaux. Je suis le rare extraterrestre du wagon à encore me balader en short et en tong. Je suis aussi l’un des rares à être monté à Moscou, sous une chaleur intense. Les multiples arrêts ont brassé quasiment tous les passagers. Alors que je prends mon café, ma voisine du dessous qui s’était hier intéressé à mon itinéraire revient me voir. Nous trouvons un moyen de communiquer relativement efficace. Nous utilisons l’iPad pour écrire, et l’iPhone traduit à la volée du russe vers l’anglais et inversement. Ça fonctionne si bien que nous passerons plus d’une heure ainsi. Elle est vétérinaire à Novosibirsk et me raconte les chouettes randonnées et autres choses à faire dans sa région. Rien de tels que des locaux pour faire rêver un peu. J’ai lu dans le matinée que le wagon restaurant était un lieu de passage, parfait pour les rencontres en tout genre. J’y ai passé la journée à m’occuper du blog et des photos sur le Mac mais n’y ai pas croisé la moindre personne à part Nikita qui allait prendre une douche je ne sais où (je dois éclaircir ce point avant d’arriver à destination). Jour 3, 17h50, 3303 km parcourus Sans le moindre retard comme depuis le départ, nous arrivons à Novosibirsrk. Nous changeons encore une fois de fuseau horaire (+1h) ! La Russie est le pays traversé par le plus grand nombre de fuseaux horaires ; pas moins de 7h séparent Moscou de Vladivostok ! Ici, 19 minutes de pause pour dégourdir les jambes. Je troque les tongs pour mes chaussures car il fait 10 degrés selon le panneau d’affichage sur le quai. Au pied du train un mini-shop semblable à nos Relai vend un peu de tout. Je m’offre une petite gourmandise (twixx) et remonte vite dans le train en faisant rire l’intendante qui ne me lâche plus des qu’elle me voit sortir du train de peur que je ne revienne pas à temps comme à Yekaterinburg ^^ Tous les passagers ont à nouveau changé lors du dernier stop. Un manège s’organise alors que les deux intendantes défont les lits précédents et que chacun prépare son espace. Je me suis mis à l’écart le temps de recharger à nouveau car l’unique prise du wagon n’avait pas encore était prise d’assaut. Jour 3, 20h10, 3600 km parcourus Je termine la soirée dans la voiture restaurant, un autre Schnizel pour manger, vu que c’est le seul plat que je reconnais sur la carte. Il est donc possible de prendre une petite douche dans la voiture de première classe pour un euro. Je ne me prive pas et je file ensuite me coucher. Pas de veillée ce soir. Demain le train arrive tôt à destination finale, à 8h48 et je risque bien d’avoir une longue journée de randonnée aussitôt retrouvé mon hôte. Nous avons échangé quelques messages sur la route, le rendez vous est donné à la station « Planétaire » du bus 81. Je suis réveillé la nuit par un agent de sécurité et sa lampe de poche torche. Je ne comprends rien de ce qu’il me raconte hormis peut être le fait de ne pas laisser à vue mon téléphone à côté de moi. Une fois glissé sous l’oreillé, ce monsieur semble satisfait et je me rendort aussi vite. Au petit matin, l’agitation à l’approche de notre destination me réveil. Je profite du départ de ma voisine du dessous pour étaler mes sacs et les refaire le mieux possible. C’est fou tout ce que l’on peut éparpiller en 4 jours et 3 nuits ! Par la fenêtre la météo semble plus fraîche qu’a notre dernier arrêt à Novosibirsrk. Je me change et remplace le short par un bon pantalon de randonnée. Une heure avant d’arriver, je suis près comme deux minutes avant l’arrivée d’un Paris Lille qui lui aurait duré 58 minutes ^^ 56 heures et 20 minutes (60 heures avec le décalage horaire) viennent de s’écouler et me voilà à destination ! En contrebas de notre voix ferrée j’observe depuis un bon moment les villages aux abords de Krasnoyarsk. Dans chaque recoins disponibles, de petites maisons et fermes en bois et tôles entourées de leur jardin à culture. Ici on a l’impression que la vie n’a pas changé depuis 100 ans, hormis pour les lignes électriques et quelques (très vieilles) voitures ici et là. Les choses devraient être quand même différentes dans la grande ville de Krasnoyarsk. Jour 4, 8h48, arrivée en gare de Krasnoyarsk à 4050 km de Moscou ! À suivre … Si vous aussi vous avez visité ces lieux, ou vous y pensez, avez besoin de conseils, contacts ou autres, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂