Logo NJBB Navajeevan BalaBhavanPlusieurs mois avant le début du tour du monde, Anthony et moi avions commencé à nous renseigner pour faire une mission humanitaire pendant le tour. Nous avions envie de vivre une expérience un peu différente du voyage pur, qui nous permettent de s’épanouir en partageant la vie de locaux. Nous avions contacté plusieurs associations, principalement au Cambodge, pour savoir s’il serait possible de nous recevoir pour une courte durée (un mois) et nous avions obtenu plusieurs refus. Ces refus étaient liés au fait que les associations, à juste titre, préfèrent recevoir des volontaires pour des durées de minimum 6 mois, ce qui était trop long pour nous. Nous avons donc mis en stand-by ce projet de volontariat en se disant que nous verrons sur place les rencontres que nous ferons dans le domaine de l’associatif et si l’occasion se présente, nous nous lancerons.

Notre intuition s’est révélée juste car en juillet, peu de temps après le début du tour, nous avons rencontré totalement par hasard dans un restaurant de Leh un volontaire de l’association Navajeevan Bala Bhavan, une organisation basée à Vijayawada dans le sud de l’Inde, qui s’occupe de la réhabilitation d’enfants des rues. Navajeevan signifie « nouvelle vie » car des centaines de jeunes enfants des rues chaque année ont l’opportunité de se lancer dans une nouvelle vie grâce à cette organisation. L’échange avec le volontaire, qui semble super épanoui, nous donne envie de participer à ce beau projet. En plus, l’association est en Inde, cela tombe parfaitement bien par rapport à notre planning prévisionnel du tour car n’avons pas à changer de pays pour faire la mission et notre visa expire mi octobre. Après avoir obtenu le nom de la personne à contacter pour postuler, nous envoyons donc notre candidature depuis Leh pour une mission d’un mois en septembre et nous obtenons une réponse positive quelques jours plus tard. C’est parti pour une nouvelle aventure ☺

L’association

Navajeevan BalaBhavan

Navajeevan Bala Bhavan est une organisation dont l’objectif est de réhabiliter des enfants qui vivent dans la rue, ou qui sont maltraités / abusés / accro à la drogue, etc. Le projet a été créé en 1988. Dans cette région de l’Inde, chaque jour, des centaines d’enfants coupent les liens avec leur famille et finissent dans les rues. Vijayawada est une ville en transit vers les villes de Hyderabad, Bangalore, Calcutta, Bombay et Delhi, ce qui explique que beaucoup d’enfants se retrouvent à la gare de cette ville. Ces garçons et ces filles sont vulnérables et représentent des proies pour les agresseurs d’enfants, les trafiquants de drogue, les réseaux de prostitution. Les enfants gagnent leur vie par le cirage de chaussures, ou travaillant comme ouvriers sous-payés ou comme domestique et certaines jeunes filles peuvent êtres entrainées dans la prostitution. Ils sont mal nourris, mal vêtus, souffrent parfois de maladies et généralement n’ont personne auprès de qui se tourner. La mission de NJBB est de leur offrir un refuge et l’opportunité de recommencer une nouvelle vie en leur offrant une éducation : pour résumer, permettre aux enfants d’accéder à leurs droits fondamentaux qui sont le droit à la survie, le droit à la protection, le droit au développement. Pour donner une petite idée des grands chiffres, environ 45 000 enfants ont été « sauvés » de la rue et ont repris une vie plus normale depuis 1993 et 27 000 enfants ont été réintégrés à leur famille après avoir été trouvé dans la rue. Par ailleurs, environ 9000 enfants qui travaillaient illégalement pour des adultes ont été libérés de leur situation de travailleurs depuis 2002.

Arrivée et découverte

Le 9 septembre, nous sommes dans l’avion pour aller de Delhi à Vijayawada. Nous arrivons dans l’après-midi et sommes récupérés à l’aéroport et accueillis comme des rois. Autour d’un thé, nous faisons la connaissance des autres volontaires. Ils sont 12 en tout et viennent d’Autriche mais aussi d’Allemagne. Puis nous découvrons notre appartement que nous partagerons avec 4 autres volontaires. Deux appartements sont dédiés aux volontaires et 6 personnes sont logées dans chaque appartement. L’appartement est agréable à vivre mais le seul petit bémol est la chaleur écrasante ; il fait environ 35 degrés et très humide. Il nous faudra un petit temps d’adaptation pour s’habituer à une telle humidité. Les repas sont pris dans une cuisine collective avec les autres volontaires ainsi que des membres du staff. Le soir, le staff de l’association nous chantent une chanson de bienvenue et nous offrent un superbe collier de vraies fleurs. La première soirée se termine par la tant attendue Keynote d’Apple, Anthony n’aurait manqué ça pour rien au monde, il se décidera certainement à passer sur l’iPhone 6 … ☺

Les premiers jours sont consacrés à la découverte de l’association et ses différents projets, le but est de comprendre comment s’organisent l’association et les différents jobs des gens qui y travaillent pour ensuite choisir sur quel projet nous souhaiterions être affectés. Les endroits que nous visitons sont :

– Le « shelter » ou refuge, est le lieu où se rendent les enfants après avoir été récupérés dans la rue. Ils y restent généralement les premiers jours ou premières semaines où ils sont recueillis, le temps que le staff analyse leur situation (s’ils ont des parents ou pas, et si oui la raison de leur errance dans la rue, s’ils sont en bonne santé ; etc), puis ils sont affectés à un endroit selon leur âge, leurs capacités et leur situation de santé (école, internat ; camps qui leur apprennent un métier, camps de désaddiction). Nous sommes tous les deux agréablement surpris par la joie des enfants que nous rencontrons, ils ont le sourire, font des jeux et ont l’air heureux, alors que certains sont arrivés au refuge le jour même de notre arrivée. On fait quelques jeux avec eux et on participe à un cours d’anglais sportif.

– L’infirmerie est le lieu où les enfants malades sont soignés si leur situation ne nécessite pas qu’ils soient envoyés à l’hôpital. Après-midi dessins avec les enfants dont certains ont un réel talent. Je reçois de jolis petits cadeaux en papier (Origami) d’un des enfants, Vijay et Anthony repart avec un super dessin du petit Ayra.

– Le « BVK » est le centre qui s’occupe de repérer les enfants en dessous de l’âge de 14 ans qui travaillent, pour pouvoir leur proposer une éducation et aussi créer une prise de conscience chez les employeurs d’enfants en leur rappelant la loi. En Inde, faire travailler un enfant de moins de 14 ans est passible de 20 000 roupies (250 €) d’amende ou 3 ans de prison. En discutant avec le responsable de ce projet, on se rend compte que malheureusement beaucoup de gens payent l’amende et parfois recommencent à employer des enfants. Peu de personnes vont en prison. Il y a aussi beaucoup de corruption, ce qui fait que la loi n’est pas forcément respectée. Les enfants qui travaillent sont souvent employés en tant qu’ouvrier / mécaniciens ou font des tâches que des adultes ne pourraient pas faire comme travailler dans le sous sol pour le domaine des chemins de fer (il faut être très petit). Ils sont aussi souvent employés en tant que domestiques de maison, c’est généralement le cas de filles, ce qui rend leur situation plus difficile à détecter.

– Nous y visitons aussi le projet qui offre une formation à des personnes issues de milieux très pauvres (généralement des bidonvilles de la région). La formation leur est offerte gratuitement et leur assure de trouver un emploi dans les domaines de la beauté ou l’informatique. Nous assistons à un cours d’épilation des bras et à un cours d’informatique. Après la visite de ce projet, nous allons voir les bidonvilles de la banlieue de Vijayawada afin de voir sur le terrain d’où viennent les populations. C’est assez impressionnant pour nous de voir ces logements construits avec trois fois rien. Mais le plus inquiétant ne se situe pas dans la configuration de ces logements mais plus dans ce que nous ne voyons pas à ce stade : ce qui s’y passe et ce que les personnes font pour gagner leur vie, comme l’exploitation des enfants. A la fin de la visite, nous assistons à la remise des diplômes d’élèves.

Malheureusement nous avions laissé l’appareil photo à la résidence le jour de cette visite.

– Le « Mogga » est l’école de l’association pour les enfants des rues qui après s’être retrouvés au refuge (le point d’entrée), ont été considérés aptes à démarrer un cycle scolaire. Certains enfants, suite à leur passage au refuge peuvent aussi suivre une préparation pour entrer à l ‘école ou pour certaines raisons comme une addiction à la drogue, sont envoyés dans des centres de désintoxication. Nous passons la soirée à jouer avec les enfants, qui sont très enthousiastes de nous voir et nous posent plein de questions sur notre pays, comment y est la vie. La situation me fait penser au film « un indien dans la ville‘’, lorsqu’un des enfants s’ébahit devant mon paquet de mouchoir et me voit me moucher, il n’en a jamais vu avant et trouve ça génial ☺

– le centre « Vimukthi » est le centre de désaddiction aux substances telles que la drogue, l’alcool ou autres. Le centre se situe hors de la ville à environ 1 heure de route de Vijayawada, il y a une vingtaine de garçons entre 12 et 19 ans. Une étude menée par l’association a montré que 40% des enfants qui vivent dans la rue sont accro à une substance (drogue ou alcool). Vimukthi signifie « être libéré ». Ce centre est mis en place pour permettre aux enfants de changer leur façon de penser et de pouvoir se débarrasser de leur addiction. Il s’agit d’un passage entre le refuge et l’école, certains enfants y restent quelques mois et d’autres quelques années, en fonction de leur prise de conscience et des progrès réalisés. L’endroit est magnifique, avec un immense jardin où jouer au criquet, des arbres, des fleurs. Les ados que nous rencontrons sont attachants, ils ont l’air très épanouis dans cet endroit, où chaque jour commence par des prières et des groupes de paroles. Les groupes de paroles ont une place importante dans le centre car c’est l’occasion pour chacun d’exprimer ses émotions, et de les partager avec les autres.

– « Chiguru » est un village d’enfants, qui préparent les enfants à pouvoir aller dans une école par la suite, en les préparant par exemple à rester attentif en classe. Ce centre se compose de garçons mais aussi de filles et il y a plus de 100 enfants en tout. Le centre est situé à 1h de Vijayawada, au milieu de palmiers avec un lac juste à côté où les enfants peuvent aller nager. Nous assistons à des cours donnés par une volontaire. Elle donne des cours d’anglais depuis 7 mois et elle a de très bonnes méthodes pour que les enfants restent calmes. Mais malgré le fait qu’elle soit une très bonne institutrice, il est très difficile de recadrer les élèves et cela est très fatiguant. Avec Anthony, cela nous confirme dans le fait qu’on ne pourrait jamais faire ce métier.

Après avoir vu tous les projets où des volontaires travaillent (il y a d’autres projets mais où il n’y a pas de volontaires, donc nous ne les visitons pas), Anthony choisit d’aller travailler au « Shelter » (refuge) et à l’infirmerie et je choisis d’aller à Vimukthi.

Esprit et philosophie de l’association

La religion a une place importante dans l’association, les pères (fathers) de l’association sont tous des prêtres catholiques et les valeurs fondatrices du catholicisme sont certainement une des raisons de la création de l’association. Le prêtre italien Don Bosco, qui a voué sa vie à l’éducation d’enfants provenant de milieux défavorisés, est à l’origine de la création de l’association Navajeevan. Chaque dimanche, une messe est organisée dans une des pièces de bâtiments qui fait office de chapelle. Nous nous retrouvons à la messe alors qu’un mois auparavant nous assistions à une puja (cérémonie bouddhiste) dans le monastère de Karsha. Il s’agit de cérémonies religieuses de deux religions différentes et pourtant elles ont beaucoup en commun. Dans chacune d’entre elle, il y une place aux prières, les unes se tournent vers Bouddha, les autres vers Jésus, dont les paroles s’accordent sur la notion de compassion.

L’atmosphère est très chaleureuse, on a l’impression de faire partie d’une grande famille, les gens s’appellent « brothers » et « sisters ». Il n’y a pas de notion de hiérarchie entre les personnes, les fathers sont très accessibles et prennent les repas avec nous de temps en temps. Chacun apporte à l’association quelque chose, selon ses capacités.

Navajeevan BalaBhavan

Dans la plupart des pièces, nous pouvons trouver des citations motivantes telles que :

« Dare to dream and care to achieve it »

« Be positive and focus on the good qualities on others, your words and your actions will reflect them ».

Les gens qui y travaillent n’y travaillent pas par hasard, on sent qu’ils ont en eux ces valeurs.

La personne qui s’occupe des volontaires est extraordinaire, elle a beaucoup insisté à notre arrivée sur l’importance de se sentir chez soi, sur le fait que Navajeevan est notre famille le temps qu’on y passe. L’organisation fait partie des rares endroits où on part du principe que les gens qui travaillent pour l’association doivent aimer ce qu’ils font pour le faire bien, c’est pourquoi on a passé les premiers jours à visiter les différents projets puis donné notre préférence, qui ont été respectées :). Il y a aussi une totale liberté sur le fait d’apporter quelque chose de nouveau à l’association, par exemple certains volontaires ont mis en place des projets et ont eu carte blanche pour les réaliser. L’un des volontaires, Tim, a créé des ateliers où les enfants peuvent exprimer leurs émotions à travers la peinture. Ainsi, ils peuvent exprimer le bonheur, la tristesse ou la colère en peignant sur un mur blanc.

 

Site de l’organisation : www.NJBB.org

Si vous aussi vous souhaitez rejoindre cette organisation, ou vous y pensez, avez besoin de conseils, contacts ou autres, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire ;-)

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