En écrivant cet article, nous souhaitions vous décrire le village de Karsha et la vie de ses habitants, histoire de vous donner un aperçu des trois / quatre semaines que nous avons passé là bas. Puis nous avons laissé le clavier à mon oncle, Lobsang, qui n’est autre que la meilleure personne pour vous en parler, y passant plusieurs mois chaque année …

Le village

Karsha est un petit village de la vallée du Zanskar, il fait tout de même parti des 4 plus gros villages de la région, il est situé sous le monastère qui est lui même accroché sur un flanc de montagne, le monastère domine de façon magistrale la vallée, il est visible a des kilomètres à la ronde. Le Zanskar est une région enclavée du Ladakh située dans l’état indien du Jammu & Kashmir, ouverte aux étrangers depuis le début des années 80. Bloqués 8 mois par an par les neiges, les villageois y vivent en autarcie complète, on peut dire qu’ils hibernent.

2014-08-09 14-38-03 Ladakh Zanskar Karsha

Un soixantaine d’habitations compose le village, 500 habitants environ, surplombant la rivière Doda, située à 3550m d’altitude dans une large plaine où se rejoignent 3 vallées. Le Zanskar est difficile d’accès en hiver. La seule piste praticable venant de la ville de Kargil par le col du Pensi-La (4400m), est fermée durant la longue période hivernale. Un moyen cependant de rejoindre la capitale du Ladakh à cette période, est d’emprunter la rivière gelée nommée « Chaddar Road » elle est praticable du 20 Janvier au 10 Mars environ selon l’état de la glace, le voyage pour un Ladakhi dure environ 3 jours, il s’effectue à pied avec portage sur le dos, les animaux ne pouvant emprunter ce trajet. La Zanskar est le nom de la rivière gelée, elle prend sa source devant le village de Karsha grâce à la jonction des rivières Doda et Tsarap. Les écoles au Ladakh-Zanskar étant fermées de décembre à début mars les élèves scolarisés à Leh, capitale du Ladakh, empruntent avec leur père la Chaddar pour s’y rendre. Ils sont pensionnaires, certains vivent chez des oncles ou tantes. La vie des Zanskarpas est totalement imprégnée de la philosophie Bouddhiste.

Habitations

Les habitations du Zanskar sont rudimentaires, on s’en tient à l’essentiel, pas de superflu. On y vit sur des tapis installés à même le sol, la préparation des repas, les repas, le coucher, pas de table ni chaise, seulement quelques petites tables basses sont disposées dans la salle à manger qui sert parfois de chambre. Pas d’eau courante, l’électricité est éphémère, quelques heures par jour, parfois pas du tout. Malgré ce que les occidentaux prennent pour de l’inconfort, la vie y est agréable, les Zanskarpas sont joyeux et heureux, ici pas de chômage, tout le monde mange.

Les villageois

Les villageois s’entraident pour toutes leurs taches aussi bien été qu’hiver. Ils vivent principalement de leur champs et jardins qui entourent le village, de l’orge dont on fait la Tsampa et les pâtes, du blé en petite quantité, petit-pois, choux, pommes de terre, oignons, carottes, navets, quelques tomates, pas de fruit, beaucoup ont des animaux, vaches, yaks, chèvres, ânes et chevaux. Les conditions climatiques rudes et le manque d’eau ne permettent pas une culture intensive les villageois ne cultivent donc que pour subvenir à leurs besoins propres et annuel. L’état indien leur vient en aide tous les ans par l’apport de riz, lentilles, farines, huile qui leurs sont distribués contre l’échange de tickets. Les légumes cultivés l’été sont souvent mis à sécher pour leur permettre de les consommer l’hiver. Des camions viennent régulièrement du Cachemires approvisionner la capitale du Zanskar, Padum, qui est en fait un gros village, à savoir que lorsque le col est fermé le ravitaillement est impossible.

Certains habitants de Karsha sont commerçants au village, d’autres travaillent dans l’administration, quelques instituteurs, les jeunes qui ont arrêté leurs études s’engagent dans l’armée indienne, il y a un maire qui représente le village, il est élu pour un an par les villageois mais n’a pas beaucoup de responsabilités, il est là pour les questions épineuses. En période estivale l’occupation dans les terres prend beaucoup de temps, surtout pour les arrosages qui se pratiquent la nuit par un système d’irrigation mis en place par les villageois pour que chacun d’eux puissent profiter de l’apport d’eau. L’hiver la vie y est beaucoup plus sereine, elle est rythmée par les fêtes, les mariages, les gens se reçoivent beaucoup, toujours dans la convivialité et la joie, les Zanskarpas ont l’esprit rieur et jovial, cela apporte de la chaleur dans les maisons. L’hiver la maisonnée vit dans une pièce ou deux car ici pas de chauffage à profusion, des petits poêles à bois ou bouse de vaches séchée, donnent un peu de chaleur, ont vit habillé à l’intérieur des maisons, comme à l’extérieur. Dans la majorité des familles nous trouvons 3 générations, les jeunes discutant beaucoup avec les anciens. Le filage et la confection de vêtement animent les journées hivernales.

Monastères et nonneries

Karsha est le seul village du Zanskar a posséder à la fois un monastère et une nonnerie « pour hommes et femmes » ils sont situés chacun sur un flanc de montagne. Environ une centaine de moine et une vingtaine de nonne y officient. Ils sont les plus anciens monastères du Zanskar, dans la lignée des Gélugpas « bonnets jaunes ». Leur quotidien est rythmé par les Pujas « sessions de prières », les travaux du monastère, selon les taches qui leurs sont confiées. Ils sont aussi demandés par les villageois pour certaines Pujas dans leur maison, protection contre les maladies, construction d’une nouvelle maison, mariage, incinération.

Célébration exceptionnelle d’une Puja (prière) à l’extérieur du monastère :

Scolarité

Nous trouvons une école gouvernementale à Karsha ainsi qu’une école privée crée par des sponsors allemands, les écoles privées sont accessibles aux élèves seulement par parrainage car les parents n’ont pas toujours les moyens financiers de scolariser leurs enfants. Ils y apprennent les maths, la science, l’histoire, les langues « Indi, Urdu langue musulmane, anglais et bien sur ladakhi » Les écoles des monastères Bouddhistes n’enseignent pas la langue Urdu. Encore aujourd’hui de nombreuses familles Ladakhis envoient un fils ou une fille dans les monastères, c’est en principe le second des garçons ou la seconde des filles. Pour les Zanskarpas il est important qu’un de leurs enfants réussisse sa vie dans un monastère et puisse y mener de bonnes études. Lorsque les moines ou nonnes s’aperçoivent que l’enfant est doué pour les études, il est envoyé dans les grands monastères de sud de l’Inde : Drepung, Sera, Tashi Lonpo, Ganden. Souvent les jeunes reviennent dans leur village et monastère après 10 ou 15 ans d’études.

Prière matinale à l’école de Padum (LMHS) :

Si vous aussi vous avez visité ces lieux, ou vous y pensez, avez besoin de conseils, contacts ou autres, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂

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